Après une année que l'on pouvait qualifier de plutôt calme,
cette saison cyclonique 2001-2002 a été d'une intense
activité, se situant au deuxième rang
parmi les saisons les plus actives
de ces trente dernières années
L'élément le plus remarquable et le plus caractéristique
de cette saison aura été l'intensité moyenne anormalement
élevée atteinte par l'ensemble des différentes perturbations,
avec une proportion exceptionnelle de systèmes dépressionnaires
s'étant développés en cyclones tropicaux
Fort heureusement la majorité des perturbations a évolué
sur l'Est du bassin du Sud-Ouest de l'océan Indien et
est donc demeurée loin des terres habitées.
Trois d'entre elles ont, toutefois,
touché MADAGASCAR, mais sans conséquences trop dommageables,
tandis que le cyclone tropical intense DINA, affectait,
lui,
assez sévèrement les MASCAREIGNES, devenant à ce titre
le phénomène le plus mémorable de cette saison cyclonique
Cette saison a donc été extrêmement
active, ce, non pas en raison d'un nombre particulièrement
important de systèmes, mais du fait
de l'intensité élevée affichée en moyenne
par les différents météores
Le nombre de 11 systèmes dépressionnaires ayant atteint
le stade de tempête tropicale (et donc baptisés), n'excède,
en effet, que peu significativement la normale (la moyenne
se situant à 9),
mais sur ces 11 systèmes, 9 se sont transformés en cyclone
tropicaux, soit une proportion réellement hors norme.
Il faut en effet remonter à plus de trente ans en arrière
pour retrouver des taux comparables, au début de l'ère
satellitaire
(à une période où l'imagerie satellitaire était de qualité
nettement moindre et les analyses d'intensité des perturbations
tropicales sujettes à caution…)
A l'arrivée, cette fréquence inhabituelle de cyclones
-double de la normale-, classe cette
saison parmi les deux ou trois plus actives depuis 1967
(début de l'ère satellitaire),
quasiment au niveau de la dernière "grande saison" en
date, celle de 1993-1994, qui demeure la référence en
matière de summum d'activité cyclonique
sur le bassin du Sud-Ouest de l'océan Indien, que ce soit
en terme de nombre de systèmes dépressionnaires ou de
nombre de jours cycloniques
Par rapport à la saison précédente 2000-2001, l'activité
perturbée a plus que doublé, avec 73 jours cumulés
avec présence d'un système dépressionnaire significatif
- d'intensité au moins égale à la tempête tropicale modérée
(contre 36 lors de la saison précédente), à comparer avec
une moyenne de 53 et une médiane de 48
Mais l'écart à la normale est encore plus remarquable
si l'on considère le nombre de jours cycloniques
(avec présence d'un cyclone tropical sur zone) ;
ce nombre atteint en effet 35, contre 20 en
moyenne (valeur réévaluée en tenant compte de l'ajustement
d'échelle Dvorak intervenu fin 1999)
Cette intense activité cyclonique n'a pas été la conséquence
d'un nombre de cyclogenèses particulièrement élevé (15
systèmes dépressionnaires ont fait l'objet de l'émission
de bulletins, ce qui se situe tout à fait dans la norme),
mais a résulté de la très grande facilité avec laquelle,
tout au long de la saison, les systèmes dépressionnaires
qui se sont formés ont ensuite pu s'intensifier
Ce trait dominant a constitué la spécificité majeure de
cette saison 2001-2002
Outre le fait que 9 cyclones ont ainsi pu voir le jour,
ce fort potentiel d'intensification a permis à 5 d'entre
eux d'atteindre le stade de cyclone tropical intense,
un étant même classé cyclone tropical très intense
(HARY succédant ainsi à HUDAH, dernier cyclone en date
à avoir connu ce rare privilège -en avril 2000)
La dernière fois qu'un tel nombre
de cyclones intenses avait été observé, c'était lors de
la "fameuse" saison 1993/1994, saison référence que
vient donc talonner dans la hiérarchie des saisons d'intense
activité
la présente saison (26 jours avec présence d'un cyclone
tropical mature sur zone - avec intensité de Dvorak CI
³ 5.0, contre 27 en 1993-1994)
Cette saison aura marqué une rupture par rapport aux
précédentes en terme de longévité
Les quatre dernières saisons, avaient, en effet, été anormalement
tardives et plutôt concentrées dans le temps, s'étendant
grosso modo sur les trois-quatre mois de pleine saison
chaude
Cette fois, le comportement a été inverse, avec une
saison à la fois précoce et tardive, qui s'est étirée
du coup sur six mois et demi
Le premier système dépressionnaire, issu du Sud-Est de
l'océan Indien, s'est formé fin octobre, ce qui classe
cette saison parmi les saisons réellement précoces
Rappelons qu'en matière de date de début de saison, la
médiane se situe au 17 novembre (50% des débuts de saison
intervenant avant cette date, 50% après)
Il faut en fait remonter à septembre 1992, pour trouver
le dernier système à avoir démarré plus tôt dans la saison,
avec la tempête AVIONA
La clôture de la saison est intervenue très tardivement,
le 11 mai 2002, qui correspond de fait à la date du dernier
quintile, en terme de date de fin de saison
(la dispersion en la matière étant nettement moindre que
pour les dates de début de saison, avec notamment une
médiane située au 20 avril)
Mettant un point d'orgue final à une saison placée sous
le signe de systèmes de forte intensité, KESINY n'a
pas déparé et est resté dans la lignée des météores précédents,
devenant un des rares cyclones
répertoriés en mai sur le bassin et surtout le premier
depuis le début de l'ère satellitaire à toucher, à l'intensité
de cyclone tropical, une terre habitée, en l'occurrence
le Nord de MADAGASCAR.
Les cyclogenèses se sont régulièrement réparties sur
la saison cyclonique, avec une activité toutefois plus
concentrée fin janvier, comme il n'est pas illogique
au cœur de la saison chaude
Outre le fait de n'avoir pas été spécialement nombreuses,
mais par contre généralement peu contrariées et "efficaces",
on retiendra qu'elles se sont produites prioritairement
sur l'Est du bassin ou en dehors, c'est-à-dire sur le
Sud-Est de l'océan Indien, 6 systèmes se formant à
l'Est de 80°E, dont 4 à l'Est de 90°E, en zone de responsabilité
australienne
Il est à noter qu'un seul système dépressionnaire s'est
formé sur le Canal de MOZAMBIQUE, tandis que la zone à
proximité des CHAGOS, zone de cyclogenèse habituellement
privilégiée,
est demeurée improductive
Enfin, on accordera une mention spéciale au cyclone GUILLAUME
pour sa cyclogenèse originale
GUILLAUME s'est également singularisé au niveau de sa
trajectoire, réellement atypique. Pour le reste, les trajectoires
ont été assez variées, mais avec, comme lors de la saison
précédente,
une prédominance de trajectoires méridiennes ou "pseudo-paraboliques"
Aux trajectoires plutôt zonales, comme assez classiquement
observé en début ou en fin de saison, d'ANDRE et de KESINY,
ont répondu les trajectoires "pseudo-paraboliques"
de DINA et d'HARY,
tandis que les systèmes présents en forte concentration
sur l'Est du bassin, par suite d'un taux de cyclogenèse
important dans ce secteur, présentaient quasiment tous
des trajectoires à forte composante méridienne
et associées à des points de rebroussement ou à des changements
de trajectoire assez marqués
La plupart des systèmes ont atteint leur pleine maturité
entre 15 et 20°Sud, comme c'est souvent le cas sur
le bassin, mais cela a été particulièrement spectaculaire
cette saison,
puisque les 7 systèmes dépressionnaires qui ont circulé
dans cette gamme de latitudes y ont tous évolué au stade
cyclonique et ce sur quasiment la totalité de cette tranche
de latitudes
Lors des saisons où les trajectoires méridiennes dominent
nettement, le risque cyclonique est généralement atténué
pour les terres habitées concentrées sur l'Ouest du bassin,
et c'est a priori d'autant plus vrai que les cyclogenèses
se produisent majoritairement loin à l'Est, comme cela
a été le cas lors de cette saison
Cela n'a été que partiellement vérifié, car si l'AFRIQUE
AUSTRALE a été effectivement exempte de toute perturbation,
il se trouve que les 5 systèmes dépressionnaires à s'être
formés à l'ouest de 80°E sont
tous venus influencer plus ou moins directement MADAGASCAR
et les MASCAREIGNES
MADAGASCAR a été, comme souvent du fait de sa taille,
la plus concernée, mais n'a finalement pas eu trop à souffrir
des différents météores qui l'ont touchée, du moins comparativement
à certaines années
HARY, qui était alors quasiment au maximum de sa puissance,
n'a fort heureusement fait que "riper" sur la pointe orientale
de la Grande Ile et était qui plus est de taille réduite
Il n'a donc pas eu l'impact désastreux qu'il aurait pu
avoir avec une trajectoire différente
Les MASCAREIGNES s'en sont à l'arrivée moins bien sorties,
le cyclone intense DINA faisant quelques victimes à MAURICE
et laissant derrière lui des dégâts considérables à MAURICE
comme à LA REUNION
Elles ont, toutefois, été en partie épargnées, échappant
à un impact direct du météore
Et globalement, on peut tout de même estimer que cette
saison cyclonique n'a pas eu les conséquences catastrophiques
qu'elle aurait pu avoir, eu égard au potentiel de destruction
représenté
par un tel nombre de cyclones et de phénomènes particulièrement
intenses
Si l'on se réfère à nouveau à la saison 1993-1994, comparable
de ce point de vue, on se souvient encore à quel point
cette année avait été terrible pour les populations de
la côte Est de MADAGASCAR,
avec les cyclones GERALDA, LITANNE, DAISY, NADIA
Cette année-là avait également vu un fort taux de cyclogenèse
sur l'Est du bassin, mais les trajectoires avaient présenté
une forte zonalité
Plus que la localisation des cyclogenèses et leur éloignement
des terres habitées, c'est donc plutôt l'aspect trajectoires
et leur orientation qui est l'élément primordial
En l'occurrence, la tendance méridienne dominante de
cette saison 2001-2002, a bien eu un effet modérateur
évident comparativement à 1993-1994
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