OLI,
cyclone de taille et d’intensité moyennes, a principalement
manifesté sa puissance en Polynésie par la très forte houle
qu’il a générée et son impact direct sur l’île de Tubuai
Il aura parcouru quelques cinq mille kilomètres à travers
le Sud-Ouest de l’océan Pacifique et la Polynésie française
entre le 1er et le 6 février
Passage à proximité des îles de la Société
:
Le dimanche 29 janvier, à 3000 kilomètres de Tahiti, au Nord
des Iles Fidji, dans la Zone de Convergence Inter Tropicale,
des amas convectifs, sous surveillance,
commencent à s’organiser en dépression
Le 1er février au Nord des îles Cook, à 1500 kilomètres de
Tahiti, la dépression s’intensifie en Dépression Tropicale
Modérée et est nommée OLI
Les prévisions diffusées dès ce jour par Météo-France Polynésie,
annoncent OLI s’intensifiant et passant 72h plus tard à proximité
des îles de Scilly et de Mopelia,
s’approchant par le sud-ouest à quelques centaines de kilomètres
des Iles Sous Le Vent (tandis que d’autres agences météorologiques
font passer la trajectoire plus au Sud)
Sur cette base, le niveau de mise en
garde cyclonique est passé dès 8h pour l’archipel de
la Société et les Iles Australes du nord
La trajectoire se confirmant, le niveau
d’alerte orange est passé le lendemain à 8h, puis l’alerte
rouge le 3 février à 7h pour les ISLV et à 18 h pour
les Iles Du Vent
Finalement OLI, à la limite de cyclone tropical, passera aux
alentours de Mopelia, mercredi à 14h, puis au Sud-Ouest des
ISLV (à 160 km de Maupiti) au plus près dans l’après-midi
de mercredi
et à 300 km au large de Tahiti dans la nuit du 3 au 4 février
Des rafales de plus 100 km/h se sont produites localement
sur toutes les îles de la Société et une mer très grosse a
été constatée avec des vagues de 6 à 7 mètres
On peut aussi noter qu’à l’approche du cyclone, Tahiti a bénéficié
de conditions relativement favorables entre le centre actif
du cyclone et une bande périphérique active plus à l’Est
Par contre, l’ouest des Tuamotu, après avoir été concerné
par une dépression en formation et bien qu’épargné par le
risque des vents les plus forts d’ OLI,
est resté sous l’influence de cette bande périphérique
pendant une bonne partie du déplacement sud-est d’OLI, les
conditions météorologiques y ont été exécrables pendant plus
d’une semaine
Passage sur Tubuai :
La trajectoire prévue diffusée le mercredi matin fait passer
le centre d’OLI sur l’île de Tubuai. Passé au large de Tahiti,
OLI s’intensifie alors nettement
L’alerte rouge est déclenchée
sur les Australes jeudi 4 à 00h30
Le cyclone OLI, précédé d’une forte houle, associé à des vagues
atteignant 8 mètres et à une surcôte cyclonique d’environ
1,50 mètres principalement sur la façade est de l’île,
passera sur Tubuai dans la nuit du 4 au 5 février, entre 4
et 5 h locale
Le phénomène de l’œil a pu y être constaté par les habitants
qui avaient été préalablement mis à l’abri. Le vent d’est
fort se calme pour reprendre de plus belle de direction opposée
vers 5 heures
Le calme momentané a pu être mis à profit pour quelques contacts
téléphoniques via satellite et rechercher des habitants en
situation difficile
Les vents maximum observés (à l’heure ronde) à la station
météorologique de Tubuai, l’ont été à 7h pour le vent moyen
(105 km/h), et entre 6 et 7 h pour les rafales (170 km/h)
En extrapolant ces valeurs au moment du paroxysme, on peut
estimer qu’une pression de 950 hPa a été atteinte avec des
vents maximum moyens de 120 km/h
et des rafales supérieures à 180 km/h
Elles pourront être précisées si les données enregistrées
par la station météorologique automatique toutes les six minutes
peuvent être récupérées
Les îles de Rurutu et de Raivavae, restées à plus d’une centaine
de kilomètres du centre du cyclone, ont connu des conditions
moins extrêmes
OLI parmi les cyclones les plus puissants
sur la Polynésie française
Ce type de trajectoire, de Mopelia vers Tubai en passant au
sud-ouest des îles de le Société avait déjà été suivi dans
le passé par le cyclone MARTIN
en novembre 1997 et par le cyclone WASA
en décembre 1991 dont l’œil était lui aussi passé exactement
sur Tubuai avec des rafales mesurées à 148 km/h
OLI s’est intensifié dans la première partie de son parcours
entre Tahiti et Tubai (jusqu’à, sans doute, atteindre des
pressions de 940 hPa et des vents moyens de 150 km/h
avec des rafales à plus de 200 km/h) pour légèrement diminuer
avant son impact sur Tubuai
Quelque soient les résultats des analyses plus poussées qui
seront menées, OLI sera dans le peloton de tête des cyclones
les plus intenses sur la Polynésie française,
ces trente dernières années, avec ORAMA
(en 1982), VEENA
(en 1983), OSEA
(en 1997) et KIM
(en 2000)
Précision des
prévisions :
Les trajectoires prévues par Météo-France Polynésie ont permis
que les mesures de sauvegarde soient prises suffisamment à
l’avance, protégeant efficacement la population
qui a pu se mettre à l’abri
Sur cet épisode, les trajectoires et la chronologie ont été
anticipées avec précision
L’erreur sur le positionnement a été inférieure à celle réalisée
en moyenne par les services météorologique des différents
bassins cycloniques (on rappelle que si l’erreur moyenne s’est
considérablement améliorée durant ces dix dernières années,
elle reste cependant de l’ordre de grandeur respectivement
de 125, 200 et 300 km à 24, 48 et 72 h d’échéance,
l’erreur étant dans certains cas nettement supérieure)
Cette incertitude résiduelle doit donc être prise en compte
dans l’application pertinente de la montée des phases successives
des plans d’alerte
Les vents réellement mesurés au passage du cyclone ou à sa
proximité ont heureusement été généralement plus faibles que
ceux attendus au vu uniquement, de l’analyse de la structure
des dépressions sur les différentes images satellitaires (et
cela aussi bien par Météo-France que par les autres agences
météorologiques, par exemple les 180 km/h de vent moyen annoncés
sur Tubuai pour des valeurs de 120 km/h ou plus mesurées)
Cela méritera une étude spécifique, surtout si les mesures
complètes de la station météorologique de Tubuai sont disponibles
Après avoir été un sujet d’inquiétude pendant toute une semaine,
OLI devient un sujet d’étude et de recherche, permettant d’affiner
la méthode d’analyse satellitaire
dans notre région du Pacifique Sud
La saison cyclonique n’est pas finie :
Durant le mois de février les conditions restent favorables
au développement de nouveaux systèmes comme le prouve la naissance
de PAT nommée
le 7 février à 12h à l’état
de dépression tropicale modérée
Elle n’aura laissé qu’un seul jour de répit aux météorologistes
après la transformation d’OLI en dépression extratropicale
au sud-ouest de Rapa, le samedi 6 février
Rapport Météo
France Polynésie
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